En ce week-end de début Janvier, nous attendions une amélioration pour effectuer une sortie dans un des sommets à la frontière du Haut-Doubs que nous n'avions pas encore pratiqué. En effet, nous avons déjà à notre actif le Chasseron, le Mont d'or, la dent de Vaulion, le Mont tendre, la Dôle ou encore les aiguilles de Beaulmes. Cela fait donc un petit moment que nous tournons autour de ce fameux sommet qui fait face à la pleine Suisse et aux Alpes : le Suchet. La météo ne s'améliore pas mais nous décidons tout de même de nous lancer en direction de Jougne puis vers le village, que dis-je, la bourgade d'Entre-les -Fourgs d'où nous débuterons. Pour faire cette sortie, nous sommes quatre. Flo & moi, un collègue de boulot « Francis » et un de ses amis alias « Juju ».
A Entre-les-Fourgs, un parking permet de se garer facilement. Nous sommes à 1080 mètres d'altitude et il tombe de la neige mouillée. Notre objectif, le Suchet culmine à 1588 mètres. Le temps est très gris et le brouillard sera pour sûr au rendez-vous. Sur le parking, une bonne vingtaine de « raquetistes » partent en même temps que nous. Il s'agit du CAF (Club Alpin Français) de Besançon. Le départ de la balade s'effectue à droite de la petite église. Nous montons puis enfilons nos raquettes TSL Escape Easy et commençons notre ascension.
Nous montons plein Est dans une neige assez collante. Puis, nous faisons la trace le long d'une petite vallée entre deux massifs forestiers. Quelques minutes plus tard, nous traversons la frontière. Nous voilà en Suisse ! Un panneau indique qu'il est nécessaire d'avoir vos papiers d'identité. Nous en rigolons car nous aimerions bien voir un douanier, ici, sous la neige ! Nous sommes devant l'équipe du CAF et nous ne connaissons pas le chemin. Le brouillard ne laissant que peu de visibilité, nous continuons tout droit. Un peu plus loin, nous observons la carte et le GPS. Nous ne sommes plus du tout sur le bon chemin. Arf !
Heureusement, un petit hors piste physique en pleine forêt nous fera récupérer la bonne direction. Le CAF est alors repassé devant nous. Nous suivons leurs traces. La neige tombe, le brouillard est présent. Ici, la neige est bien meilleure qu'en bas. Nous sommes à 1300 mètres. Chemin faisant, nous arrivons à Grand Bel-Coster. C'est une grande grange ouverte où nous faisons une petite pause. Le groupe du CAF repart et nous leurs emboîtons le pas quelques minutes plus tard. Le chemin nous fait redescendre en direction du chalet de la Sagne. Le paysage, même sous le brouillard est fantastique. D'énormes épicéa sont couverts de glace et de neige. La neige est poudreuse. Plus tard, nous montons en direction de la Sagne (ferme). Le groupe, devant nous, a déjà commencé l'ascension du Suchet. Une barre de céréale (ou du fromage pour certain...) et la grosse montée nous tend les bras. Le brouillard est encore dense et cela ne s'arrange pas en montant. La montée est rude, le dénivelé important. Bientôt, nous arrivons sur la crête où, soudainement, un vent impressionnant nous frappe de l'Ouest. Ce vent terrible nous déséquilibre.
Le sol est recouvert de glace. Sensations garanties ! Nous arrivons face à une grande croix. Elle est recouverte de stalactites horizontaux. Le vent est terrible (supérieur à 100 km je pense) et lorsque nous rencontrons un panneau pour redescendre en direction du chalet du Suchet, nous décidons de le suivre. Nous étions à 1544 mètres, soit très proche du sommet. Il ne servait donc à rien de faire le sommet si ce n'est pour la postérité.
Le brouillard étant dense, le vent violent et une falaise à l'ouest n'étant pas loin ,la décision était la bonne d'autant plus qu'il aurait fallu faire demi-tour une fois arrivé au sommet. En redescendant côté Ouest, vers le chalet du Suchet, le brouillard redouble d'intensité. Le vent quant à lui s'est calmé. La pente est importante vers le chalet.
Il doit être à 100 mètres mais nous ne voyons pas plus loin que nos pieds. Au GPS, je regarde où ce dernier se situe. L'appréhension est grande dans une descente à 25 ou 30%, lorsque l'on ne voit vraiment rien. Le cerveau hésite à avancer, c'est une drôle de sensation que de ne savoir si on va trouver la « terre ferme » le pas d'après.
Finalement, nous voyons le toit massif du chalet. Nous cherchons à trouver une porte pour nous abriter. Tout est fermé sauf un petit abris à côté de la cuve à fioul. C'est mieux que rien mais ce n'est quand même pas terrible pour un secteur si touristique. Ceci est un appel au gérant du chalet du Suchet !
Il est 13 heures passé et nous décidons de manger là. Un petit sandwich, du chocolat chaud et des clémentines nous redonnerons les calories nécessaires pour le retour. Ainsi, c'est bien emmitouflé dans nos différents vêtements que nous devons trouver un chemin pour retrouver notre trace en contre bas. La visibilité est nulle. Nous prenons la direction au GPS et devant, je trace un chemin en essayant de garder le cap. Le dévers est important et il n'y a rien de plus fatiguant que le dévers en raquette.
C'est laborieusement que nous essayons de tenir la courbe de niveau. Sans arbre, seul le GPS peut nous guider. Merci encore à mon bon vieux Colorado 300 ! Après quelques minutes, nous retrouvons nos traces et descendons via un raccourci. Ouf, nous sommes sorti d'affaire !
Personne ne fait le malin face à un temps pareil et tout le monde m'a fait confiance sans ronchonner ni paniquer. Seul Francis aurait bien voulu descendre droit dans le pentu alors que ce n'était pas notre destination. Mais après une explication sur la trajectoire à tenir, il est rentré dans les rangs ! Non mais ! Retrouver nos traces est un moment salvateur. Je pense que tout le monde souffle un coup.
La descente est merveilleuse. On se met même à courir à certains endroits. Le retour pourrait s'effectuer par un chemin passant par la ferme Noirvaux et la Grange neuve. Cependant, la fatigue et la visibilité extrêmement faible ainsi que l'heure ne me donne pas envie de tracer le retour au GPS. Ainsi, nous reprenons le chemin de l'aller. Nous retrouvons le groupe CAF à Grand Bel Coster et les doublons après une pause « chocolat chaud » merci la Thermos light & compact. Nous créons notre trace car le vent à balayer celle de l'aller. Bientôt, nous repassons la frontière Française et nous redescendons vers le village Entre-les-Fourgs après 15 kilomètres et 6 heures de marche dans des conditions parfois vraiment difficile.
Une sortie épique où nous avons été accompagné de deux amis qui nous ont très bien suivi. Nous avons rencontré des conditions assez difficiles voire très difficiles au sommet du Suchet. Pour autant avec un bon équipement et un peu de sang froid, on arrive à profiter et à se ressourcer sur une sortie comme celle-ci. La neige était bonne à partir de 1200 mètres tout comme l'entente. Les paysages étaient timides mais les quelques apparitions étaient formidables. Le coin est superbe, indemne de station de ski. Il est par-contre recommandé de faire attention car il peut être assez facile de se perdre, surtout lors d'une journée brumeuse comme celle-ci. De plus, le balisage n'est pas très présent... C'est d'autant plus vrai en hiver lorsque les panneaux sont couverts de neige et les marques au sol recouvertes. Ainsi, une bonne connaissance du terrain et/ou un GPS ainsi qu'un bon équipement sont fortement recommandés pour limiter les montées d'adrénaline et les prises de risques qui peuvent être fatales.
A noter que ce week-end là, un "raquettiste" s'est tué sur la haute chaîne du Jura... Merci à Francis et à Juju pour leur sympathie et pour leur confiance durant les moments où la vue était limité à un ou deux mètres.